NOSBAUM REDING – Entretien avec Alex Reding

Comment êtes-vous devenu dirigeant de cette galerie d'art ?

J'ai créé le réseau de galeries d'art Nosbaum Reding avec mon épouse en 2001. D'abord installé au Luxembourg, place de Strasbourg dans le quartier de la gare, nous avons ensuite ouvert un second espace en 2006 à côté du marché aux poissons dans le quartier vieille ville.

Nous avons ensuite ouvert une galerie à Bruxelles en 2021, rue de la Concorde dans le quartier Louise. Au gré de notre aventure, nous nous sommes appuyés sur notre perspicacité, notre réseau et notre passion pour le monde artistique pour développer notre activité et nous imposer sur le long terme.

NOSBAUM REDING LUXEMBOURG GALERIE

Comment décririez-vous le style et l'orientation artistique de votre galerie ?

Les choix que nous opérons pour sélectionner les artistes que nous présentons au sein de nos galeries se basent sur différents aspects. D'abord, nous réalisons principalement des choix tournés vers l’international tout en proposant le meilleur de la scène nationale. Nous travaillons notamment avec Su-Mei Tse et Tina Gillen.

Aussi, nous favorisons un mix média très large. Ensuite, nous alimentons la galerie en suivant nos affinités personnelles, car il nous est essentiel d'être en mesure de défendre avec passion les créations artistiques que nous présentons dans nos différents lieux d'exposition. Un autre paramètre dont nous sommes tributaires est la disponibilité des artistes. Il arrive que certains artistes qui retiennent notre attention soient déjà sous contrat avec des confrères. D'un aspect général, c'est notre expertise qui dicte nos choix. Après 30 ans d'activité, nous avons développé un regard très précis sur la qualité des œuvres. C'est d'ailleurs le critère qui valide nos choix au final. La qualité des réalisations est primordiale pour notre procédé de sélection.

Alex Reding - galerie

Quels sont les défis auxquels votre galerie est confrontée dans la configuration globalisée du marché de l'art ? Comment vous positionnez-vous en tant que galerie luxembourgeoise ?

Nous appréhendons le marché sur deux pôles. Le marché régional, national ou de proximité limitrophe se développe selon les fonctionnements classiques tels que le réseautage, les invitations directes à nos événements ou la participation à des foires. Ensuite, l'ouverture au marché international plus éloigné est rendue possible grâce aux outils liés à l'Internet. C'est cependant un marché bien plus difficile à appréhender pour une équipe telle que la nôtre. D'une part, nous sommes limités par la taille de notre équipe qui se compose de 5 salariés. D'autre part, la distance entre le galeriste et l'acquéreur rend la vente plus difficile, puisque nous sommes parfois confrontés à des désistements et à des promesses d'achat non tenues. Cependant, il faut souligner que l'Internet nous procure également des facilités en termes de visibilité. Les newsletters, les invitations aux foires et les réseaux sociaux nous permettent d'atteindre un public toujours plus large. Tout comme la communication opérée par les artistes sur les réseaux sociaux procure une visibilité auprès de communautés de followers parfois très étendues.

Comment votre galerie travaille-t-elle avec les artistes pour établir des partenariats durables et soutenir leur développement artistique luxembourgeois ?

En ce qui nous concerne, nous travaillons à l'ancienne, à la confiance. Nous ne proposons pas de contrat de collaboration. Aussi longtemps que l'artiste et la galerie sont satisfaits et avancent dans une bonne entente mutuelle, la collaboration perdure. C'est réellement le modèle qui nous convient le mieux. Nous apprécions travailler en favorisant les échanges et les discussions positives pour que chacun trouve son équilibre et se sente à l'aise dans la collaboration. Ensuite, pour développer la visibilité de l'artiste, l'effort commun est essentiel. L'artiste doit faire son réseau auprès des collectionneurs, des amateurs ou des institutions. Il ne peut s'appuyer à 100% sur la galerie. L'expérience nous a montré que la galerie, lorsqu'elle fonctionne seule, devient perdante. Quel que soit l'événement ou l'exposition que le galeriste organise, le succès ne sera atteint que si les deux parties travaillent en synergie.

Comment votre galerie s'engage-t-elle dans la communauté artistique locale et nationale ?

D'abord, nous nous engageons par notre présence en tant que galerie. Nous organisons de belles expositions et nous y invitons les journalistes, les institutions et les collectionneurs. Ensuite, nous nous déplaçons énormément pour rayonner hors de nos murs. Il est important pour les galeries de s'imposer à l'extérieur en multipliant les participations à des projets à l'extérieur. Il peut arriver également que nous travaillions en collaboration avec d'autres galeristes pour proposer un événement de plus grande portée. Aussi, pour développer l'art régional, nous opérons sur différents niveaux. Nous visitons les établissements de formations artistiques comme les beaux-arts, par exemple, afin d'identifier les talents au tout début de leur carrière.
Nous avons également créé un prix d'art où un jury international évalue les projets des académistes participants. Nous attendons aussi beaucoup des artistes eux-mêmes. Ils doivent bouger et s'engager personnellement pour gagner en visibilité et attirer l'attention du marché sur leur production ; et c'est une démarche qui demande une implication de chaque instant.

Comment votre galerie travaille-t-elle avec les collectionneurs pour les aider à développer leur collection d'art ?

Nous discutons beaucoup avec les collectionneurs et sommes très proactifs dans notre relation avec ces derniers. Cependant nous ne pouvons pas dire que nous agissons avec la neutralité que le collectionneur attend.
Il va de soi qu’en notre qualité de galeriste, nous cherchons toujours à promouvoir la production des artistes avec lesquels nous travaillons.

Ainsi, nous nous positionnons plus du côté de la vente que du côté conseil, qui demande de connaître le goût personnel des collectionneurs sur le bout des doigts ; et c'est une démarche très difficile à intégrer à nos autres activités.

Comment organisez-vous les événements et les expositions pour attirer les collectionneurs et les inciter à visiter la galerie régulièrement ?

Notre maître mot pour attirer les collectionneurs, c'est faire de la qualité. Lorsque nous organisons une exposition ou proposons un vernissage, nous mettons toute notre énergie à sélectionner et à présenter des artistes qui valent le détour. Nous avons également développé une communication très performante, même si, c'est vrai, parfois il faut aller chercher les collectionneurs un par un et les relancer pour les convaincre. Enfin, nous organisons des expositions dans des lieux qui sont susceptibles de nous rendre visibles auprès d'une audience qui ne nous connaît pas encore.

Quels sont les événements et les expositions à venir que vous recommanderiez aux collectionneurs et aux investisseurs pour découvrir de nouveaux artistes et de nouvelles tendances artistiques ?

Au Luxembourg, les trois lieux à visiter sans modération lorsque l'on veut rester en contact avec la production artistique locale sont le MUDAM, le CASINO et l'espace KONSCHTHAL de Esch. C'est par ces visites régulières que les collectionneurs peuvent affûter leur regard et s’informer sur la scène internationale tout en ayant un bon spectre de la scène nationale et locale.

Nous vous donnons la possibilité de présenter un artiste que vous représentez, qui souhaitez-vous présenter aux collectionneurs et investisseurs ?

Oui ! Nous avons dernièrement rencontré Max Coulon, un jeune artiste talentueux installé à Paris. Il m'a été présenté par un ami, Stephan Balkenhol, également artiste avec qui nous travaillons depuis longtemps. Nous étions dans une situation où nous manquions de sculpteur ; et la rencontre avec Max s'est avérée être une très belle surprise. Il était très enthousiaste et l'histoire s'est très vite déclenchée après une première visite dans le centre artistique Poush à Aubervilliers à la fin de l'année dernière. En réalité, une de ses œuvres avait déjà attiré mon regard lors de la Luxembourg Art Week de l'année dernière. Notre rencontre a donc été une belle coïncidence à l'origine d'une collaboration future

MAX COULON - interview Nosbaum reding

Quelle est sa démarche artistique ? Quelles sont ses inspirations ?

Son travail est avant tout figuratif. Il propose une analyse sociétale avec un esprit ironique. Il propose des réalisations raffinées avec de multiples couches de lecture. Je ne peux que conseiller aux amateurs de sculptures contemporaines de prendre le temps de s'arrêter sur les compositions de Max. C'est une véritable surprise rafraîchissante.

Nosbaum reding - MAX COULON PRODUCTION

Avez-vous prévu une ou plusieurs expositions avec cet artiste afin d'exposer ses œuvres aux collectionneurs qui désirent découvrir sa production ? Et si oui, où celles-ci se tiendront-elles ?

Oui, nous allons exposer trois pièces lors de la prochaine foire à Bruxelles et nous prévoyons une première exposition solo pour les mois de septembre et octobre 2023. Et comme d'habitude, cette belle histoire est orchestrée sur la base d'une relation de confiance.