Brexit, le point sur l’impact des réglementations sur le marché de l’art

Les restrictions liées à la pandémie ont provoqué quelques sueurs sur le marché de l’art ces deux dernières années. Alors que les acteurs du monde entier, UK compris, ont réagi rapidement afin de limiter les pertes imputables à la crise sanitaire. Les nouveaux standards d’échanges avec l’UE édictés suite au Brexit ont apporté un lot de complications supplémentaires sur le marché des beaux-arts.

Plus cher, plus de formalités et plus d’efforts

Acquérir et déplacer les œuvres d’art entre le Royaume-Unis et l’UE sont des activités qui doivent à présent se faire en suivant les réglementations d’échanges internationaux. Dès lors, les galeries, artistes et collectionneurs se sont vus imposer une série de nouvelles formalités qui ont sérieusement impacté la fluidité de leurs activités avec le continent.

Depuis la mise en place des nouvelles normes, le retour d’expérience est mitigé. D'un côté, certains acteurs qui se sont fait accompagner par des prestataires spécialisés comme Fortius ont pu anticiper les blocages, tandis que d’autres ont connu l’exaspération suite aux lourdeurs administratives générées par le Brexit.

Par exemple, lors de foire de Frieze, certaines galeries européennes ont rencontré de grandes difficultés pour faire participer les artistes qu’ils représentent à cet événement reconnu comme incontournable dans le monde de l’art.

La principale difficulté rencontrée était directement liée à la problématique de l’import/export que le Brexit a considérablement complexifié. En plus d’une accumulation de documents administratifs pour entrer et sortir du territoire britannique, les œuvres se sont retrouvées bloquées au poste frontière en raison du flou des nouvelles réglementations. Avec pour conséquences, des stands vides d’œuvres d’art et une réaction décontenancée des galeristes européens qui ont affiché leur volonté de ne pas participer aux prochaines éditions, malgré l’importance de l’évènement.

Le même constat de difficulté a, par ailleurs, été constaté auprès des acteurs anglais qui ont participé aux foires organisées au sein de l’EU. Pour autant, ces derniers se sont montrés moins intransigeants que leurs confrères européens puisqu’ils envisagent un retour à des activités normales une fois que les nouvelles habitudes administratives seront intégrées.

Le déplacement du marché londonien vers Paris

Sur le continent européen, Paris semble tirer son épingle du jeu grâce à son taux d’imposition de 5,5% sur ce type de biens, soit, le plus faible du continent européen.

En effet, outre la perte des avantages de libre échange assurés au sein de l'espace Schengen, Londres a perdu une part de son attractivité en ne disposant plus de la possibilité d’être un point d’entrée sur le continent européen pour ce type de biens.

Ce changement de statut a ainsi poussé certains acteurs londoniens, qui ont de fortes activités commerciales avec l’UE, à ouvrir des antennes au sein de l’espace européen et principalement à Paris pour offrir une alternative à leur client afin de maintenir la libre circulation des œuvres tout en profitant du taux de TVA européen le plus faible.

Selon Pierre Valentin, fondateur de l’Association des conseillers professionnels pour le marché international de l’art, le Brexit produit un recul manifeste du marché de l’art anglais. Alors qu’il se prononçait sur l’évolution du marché, il laissait entendre, de façon assez pessimiste, qu’il entrevoyait la possibilité que le marché de l’art britannique se transforme en un marché national, d'ici à la prochaine décennie.

En ce qui concerne le secteur du stockage qui est étroitement lié au négoce des œuvres d'art, il a, lui aussi, connu des secousses liées à la sortie du Royaume-Unis des accords de libres échanges.

Ainsi, avant et depuis le Brexit, les galeristes, les salles de ventes et les collectionneurs ont déplacé au sein de l’UE une large partie de leurs stocks de biens qui, jusqu’ici, profitaient de la libre circulation. Ce mouvement massif de stock vers les pays membres leur a notamment permis de se dégager des lourdeurs administratives occasionnées par le retrait du Royaume-Uni de l’UE.

Dans ce contexte, il est à noter que Fortius Luxembourg propose également une solution adaptée grâce à ses possibilités de stockage en zone franche avec un accès immédiat au tarmac de l’aéroport international de Luxembourg.

Les grands acteurs britanniques restent optimistes

Selon le porte-parole de la maison Christie’s, l’optimisme reste cependant de rigueur. Christie’s se base notamment sur le constat que le marché de l’art britannique ne se limite pas à l’Union Européenne. Les activités de Londres sont mondiales. Selon les chiffres, 87% du marché britannique concernent des échanges hors UE. Ce constat pousse ce grand acteur britannique à penser que le Brexit n’aura qu’un impact limité sur la place centrale qu’occupe Londres au niveau du marché international. Ainsi, pour les grandes maisons de vente, la sortie de l’UE n’aurait pour impact qu’une assimilation du territoire européen au marché mondial.

Il est à noter que les grandes maisons de vente émettent tout de même une réserve quant à l’impact final du Brexit sur leurs échanges commerciaux avec les pays membres de l’UE. Ils considèrent que les effets de la sortie du Royaume-Unis de la zone de libre échange ne pourront être réellement évalués qu’une fois que les restrictions concernant les droits de résidence et d’emploi ainsi que la circulation des personnes et des œuvres d’art auront produit tous leurs effets.

De plus, de nouveaux arrangements, certes mineurs, restent à convenir entre les États, et les dispositions actuelles sont toujours susceptibles de faire l’objet de rétractations dans les années à venir. Il faudra donc attendre que la poussière soit entièrement retombée pour évaluer l’impact des nouvelles réglementations sur les échanges à destination des États membres de l'Union européenne.

L’éducation artistique impactée par le Brexit

Outre les perturbations sur les échanges d’œuvres d’art, le Brexit commence à montrer ses effets négatifs sur le déplacement des étudiants européens qui souhaitaient profiter de l’éducation artistique britannique pour parfaire leur formation. Le principal frein que rencontrent les étudiants concerne les frais de scolarité qui sont à présent calculés sur la base de ceux appliqués aux étudiants internationaux. De la même manière, les étudiants britanniques ont perdu les facilités dont ils profitaient jusqu’ici pour se former au sein de l’UE. Ce cloisonnement des esprits créatifs aura sans doute quelques effets négatifs sur la production artistique avec des pertes qui ne pourront malheureusement jamais être compensées.

Pour conclure, si le Brexit n’a pour impact principal sur le marché d’échange “que” des lourdeurs administratives et des modifications de taux d’imposition, ce n'en est pas moins un recul au niveau des libertés tellement nécessaire à la production artistique.
Ainsi, ce ne sont pas seulement les vendeurs qui pâtissent du Brexit, mais aussi tous les amateurs et créateurs qui se voient amputés des facilités dont ils disposaient pour vivre, travailler, étudier et voyager depuis et vers le Royaume-Uni.

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